Edito avril 2024
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Comme un écho à l’édito de Joseph Thomas en février 2024
« Le mot Dieu importe peu »
Ces mots de Marcel Légaut dans Intériorité et Engagement (p.47) m’ont longtemps posé question dans ma quête de Dieu. Pour moi, le mot Dieu était important, parce qu’il rendait présent Quelqu’un ; mais, avec cette phrase de Légaut, je découvrais que ce mot avait une importance toute relative, qu’il ne recouvrait pas le Tout et que ce « dieu-en-dehors » n’était pas la Vérité : Dieu ne pouvait pas être « une personne céleste complètement parfaite, qui réside au-dessus du monde et de l’humanité ». Je réalisais que j’étais théiste comme le sont souvent les chrétiens occidentaux ; je me suis donc mis à « quitter dieu pour Dieu », à vivre « la foi nue » et à commencer une lente transformation intérieure. Merci à ceux qui ont dénoncé le théisme : J. Robinson, J. S. Spong, P. Tillich et, plus près de nous, José Arregi dans Dieu au-delà du théisme (Karthala, 2023).
Le dieu auquel je croyais n’existe pas : je me sens orphelin parfois, mais authentique et libre avec le regard étonné et émerveillé devant la découverte de ce nouveau Chemin.
Disparu le dieu magique (deus ex machina) dénoncé par Dietrich Bonhoeffer qui écrivait dans sa prison en 1944 : je dois vivre « etsi deus non daretur, même si Dieu n’est pas donné ».
Marcel Légaut, dans l’introduction de L’homme à la recherche de son humanité (Aubier-Montaigne, 1971), va préciser la mutation à venir :
« L’auteur de ce livre est chrétien, mais il ne pense pas que les affirmations fondamentales sur lesquelles l’homme doit construire sa vie et lui donner sens, relèvent nécessairement du christianisme […]. En vérité elles sont de l’essence de l’homme. Elles ne dépendent pas fondamentalement d’une religion ou de quelque idéologie philosophique. […] Pour se tenir debout, l’homme moderne doit reprendre son bien » (p.8-9).
« Une fois dieu mort, qu’en est-il de Dieu ? » demande Arregi : « L’alternative est que l’humanité se libère du dieu tout-puissant construit et convoité, et que l’être humain retrouve sa véritable identité, qu’il respire l’ampleur de l’esprit créatif de la Genèse – Que le monde se fasse –, qu’il se laisse animer par le Souffle profond qui respire en lui et en toute chose. L’alternative est qu’il scelle un engagement de vie avec lui-même et avec toute la nature, un pacte avec le Sacré, une nouvelle alliance avec le Réel, avec le vrai souffle divin qui l’anime et qui anime tout ce qui est » (op. cit., p.107 et 113).
Une révolution copernicienne à laquelle Marcel Légaut a participé et que nous poursuivons à l’ACML : il s’agit de reformuler en d’autres termes l’idée de transcendance pour l’homme moderne. C’est un nouvel accès au Mystère.
Le mot dieu importe peu, en effet ; ce qui importe, c’est de poser un regard bienveillant sur le monde, de participer activement à sa transformation, de contempler toute son énergie spirituelle et de la célébrer.
Le présent que nous vivons devient un présent divin qui nous est offert !
Bernard Lamy
RENCONTRES DE PÂQUES à Mirmande du 2 au 5 avril 2024 inscriptions auprès de Françoise Servigne (cf. adresse à la fin du document) possibilité de commander le dépliant complet des Rencontres 2024 à la même adresse. |
GROUPES LEGAUT Dans la perspective du centième anniversaire « du, (ou des) Groupe(s) Légaut », 1925-2025, nous invitons celles et ceux qui poursuivent leurs rencontres et leurs réflexions à en témoigner dans « Quelques Nouvelles » : comment vivent ces groupes ? Quelles réflexions partagent-ils ? Quels auteurs les inspirent-ils ? Et tout ce qui peut permettre à nos lecteurs de se rendre compte de la vie des groupes issus de la pensée de Marcel Légaut. Cela nous sera utile également pour mettre à jour la rubrique de notre site internet consacrée aux Groupes Légaut : en effet, certains groupes n’existent plus... |
Quelques nouvelles avril 2024
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ÊTRE DES VIVANTS … OUVERTS !
Ce qui est essentiel pour notre vie spirituelle, ce qui manque à notre vie spirituelle, ce n’est pas la doctrine, c’est d’être des vivants, c’est-à-dire de connaître, de découvrir ce qu’est la vie humaine. Quand on a l’esprit un peu pieux par nature, par formation, les livres qui sont un peu trop lucides, qui sont un peu trop méchants, voire même un peu cyniques, qui montrent la vie sous des jours pas sympathiques, on n’a pas tendance à les relire parce qu’on les porte difficilement, on voudrait penser que c’est exagéré. Au fond, ce n’est pas exagéré. Ce qui est mauvais dans ces livres, ce n’est pas tellement ce qu’ils disent, c’est ce qu’ils ne disent pas à côté. Car en définitive ces livres ne sont pas des œuvres de croyants, ce sont des œuvres d’incroyants. Le jour où un croyant sera capable de regarder et de montrer la vie telle qu’elle est, grâce à sa foi, avec autant de noirceur que quelqu’un qui ne croit pas et qui découvre cela par réaction contre la foi, à ce moment-là, nous aurons de nouveau une extraordinaire possibilité de rayonnement. Cela, il faut le mériter. (…) Les générations se suivent et ne se ressemblent pas... Elles se ressemblent terriblement mais en utilisant des masques différents.
On nous a souvent reproché dans le groupe de faire un peu chapelle fermée. Mais dans notre génération actuelle, ceux qui montent actuellement font à leur manière chapelle fermée. II n’y a pas de chapelle plus fermée que celle qui se dit essentiellement ouverte. Il y a une manière de se croire ouvert qui est une façon d’être encore fermé. Les seuls gens ouverts sont seulement ceux qui, par leur intériorité, arrivent à ne pas pouvoir se contenter de ce qu’ils sont et non pas ceux qui professent une idéologie ou une doctrine qui est censée être ouverte, car toute doctrine ou toute idéologie est en soi fermée, comme toute appartenance à une société est en soi appartenance à une société fermée. Il n’y a pas de société, pas de doctrine qui puisse atteindre le niveau d’universalité qui permette à l’homme d’être véritablement ouvert sur tous les hommes. C’est pourquoi, il est si important pour nous autres de découvrir ce que c’est que l’amour, ce que c’est que la paternité, pas sur le plan de la doctrine, sur le plan de la morale, pas simplement sur le plan lyrique, sur le plan idéologique mais sur le plan réel.
Nous pouvons être de bons parents, nous pouvons croire être de bons parents mais au fond en être de fort médiocres parce que nous ne sommes que comme les autres. Nous avons chacun à découvrir l’amour et la paternité non pas tellement au départ qu’ultérieurement. Et la ferveur de notre foi, la puissance de notre foi sera, dans ce domaine-là, mesurée par la distance que nous percevrons entre ce que nous devrions être dans ces deux domaines et ce que nous sommes. C’est en affirmant la distance entre ce que nous concevons devoir être pour être véritablement père ou mari, et ce que nous sommes véritablement dans ce domaine que nous manifestons la vigueur de notre foi. Parce que, à ce moment-là, c’est bien à la lumière de notre vie que nous comprenons l’évangile ; parce que, à ce moment-là, ayant bien compris ce qu’est notre vie, nous sommes beaucoup mieux placés pour bien comprendre ce qu’est Jésus au-delà de l’évangile.
Marcel Légaut Topos des Granges (1963)
Ed. Xavier Huot p.29-30
Témoignage d'anciens du groupe, Raymond Bourrat
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Cher Domingo
Tu me demandes si je peux présenter le texte que tu m’envoies -un bref article de Légaut, écrit en 1963, sur Jean Guitton– et si je peux évoquer la rélation Guitton-Légaut. Cela m’est difficile car en ce domiane je risque fort de ne pas être impartial. J’ai bien connu L, je me nourris toujours de son oeuvre. Il n’en est pas de mème de Guitton. Je l’ai sans doute vu, une ou deux fois, à la télévision. J’ai lu dans des journaux quelques articles de lui et sur lui, ce qui ne m’a pas incité à le connaître davantage. Certes, il est arrivé à Légaut de parler dans le groupe de cet ancien, ou de m’en parler; mais cela, bien que significatif, demeurait assez bref et somme toute assez banal. Je veux dire par là que Légaut, sans oublier une ancienne camaraderie qu’il ne reniait en rien, faisait preuve d’une grande lucidité et d’un certain détachement pour évoquer deux cheminements différents.
Centenaire du groupe Légaut - 1925-2025
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Le centenaire du groupe Légaut en 2025.
En 1925, à la rentrée, Marcel Légaut, à Normale sup. va méditer les évangiles avec des normaliens de Saint Cloud, ouvrant ainsi l’univers du premier degré de l’enseignement à sa réflexion, celle d’un laïc. Le groupe Légaut, sans grande ossature, naît et après des péripéties variées, de Paris à Chadefaud dans le Massif Central, puis Les Granges de Lesches et Mirmande dans la Drôme, perpétue ses rencontres jusqu’à ce jour.
Il y aura plusieurs manifestations en 2025. Certes le conseil d’administration des 14-16 février 2023 a validé trois évènements :
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La mise en numérisation de l’oeuvre complète de Marcel Légaut, avec sa mise à disposition par le site de l’ACML. Paul Roux a piloté l’ensemble avec l’aide de nombre de membres de l’ACML, Serge Couderc, Jean-Jacques Chevalier, Jocelyn Goulet, Chantal Decoorebyter, François-Xavier Légaut, Dominique Roux, Rémy Légaut, Dominique Lerch, ...
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Une date : 10 septembre 2025 est à retenir à Valence aux Archives départementales (à côté de la Préfecture). Vous trouverez ci-joint l’appel à contributions qui concerne la vie des groupes, le rayonnement de Marcel Légaut, son apport, ses racines. N’hésitez pas à proposer des éléments, nous pourrions avoir une partie d’échanges sur la vie des groupes en suite des communications. Mais nous aurons aussi besoin de quelques coups de main pour l’accueil des communicants, l’hôtellerie, les repas, surtout si la journée d’études devient un colloque international où l’Espagne et le Québec sont d’ores et déjà partants et où nous ne désespérons pas d’avoir une contribution belge.