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Depuis le retour de Mazille en octobre dernier, je suis « restée » beaucoup là-bas en pensée… ! J’ai le sentiment que nous y avons été dans un dialogue très intense, mais que le plus important ne s’est peut-être pas dit avec des mots, et que ce « message »-là continue à circuler à l’intérieur de nous…

La Rencontre des Groupes Légaut (pour l’instant la rencontre de délégués de ces groupes) m’est apparue comme une superbe trouvaille. Ainsi, prenant la suite d’un colloque universitaire, il y a 10 ans, d’un colloque de « témoins » il y a 6 ans, cette ébauche que nous venons de tenter d’un autre type de rencontres-rassemblement vient pointer et solliciter en premier lieu ce qui reste vivant autour de la pensée de Marcel Légaut, et toujours vivant 20 ans après sa mort : des personnes se réunissent régulièrement en France et dans d’autres pays, dans une perspective de liberté intérieure et d’engagement profond, s’inspirant de sa démarche. Parallèlement, des religieuses, vivant un engagement de leur vie entière, dans une communauté que Marcel Légaut a côtoyée à de nombreuses reprises, peuvent témoigner en des instants privilégiés combien la présence de cet homme qu’elles n’ont pas toutes connu, loin s’en faut maintenant, peut transparaître et rayonner dans leur attitude et leurs propos. Nous en avons reçu le témoignage le soir du samedi 16 (avec Maria, Annette et Gabrielle…).

C’est là peut-être la trouvaille de la communauté des soeurs, à notre égard, en réponse à notre propre trouvaille : nous faire rencontrer de jeunes soeurs qui, bien que n’ayant pas connu Légaut de son vivant, peuvent témoigner de sa « présence spirituelle » pour elles aujourd’hui. N’est-ce pas une trouvaille fantastique, et qui plus est sans discours, venant rendre dérisoire, tout en l’entendant bien sûr, l’inquiétude de notre association « Qui viendra après nous ? Saurons-nous transmettre l’héritage à des plus jeunes ? »

J’imagine là, dans cette réponse des soeurs, comme un clin d’oeil d’elles-mêmes à notre égard, et ce clin d’oeil ne va-t-il pas au delà de nous en direction de Marcel Légaut ? Car, comme l’a fait remarquer Thérèse durant ce week-end, le rêve de communauté que chérissait Marcel Légaut sans avoir pu tout à fait le réaliser -pas durablement - ne viendrait-il pas se concrétiser, là dans ce Carmel, avec et dans nos projets de rassemblements à venir ?

Et autre clin d’oeil, enfin, peut-être venant de Légaut lui-même, dans le lieu où il allait se retirer, seul, en quasi-ermite, auprès des soeurs en grand silence de contemplation, ce serait là que nous entrerions dans l’intelligence de son rêve de communauté ?

Mais qu’est-ce à dire… ? Et quelles en seraient les conséquences… ? Qu’aurions-nous à en comprendre ? Comme un rappel à l’importance de l’intériorité ?

Ces jeunes soeurs nous ont rendu Légaut présent, à tous les sens du mot présent, elles nous l’ont rendu actuel, elles nous ont transmis la conviction que sa démarche pouvait tous nous concerner, elles nous ont surtout permis de pressentir que, même physiquement absent, Légaut était présent spirituellement.

Elles nous ont fait pressentir la présence spirituelle de quelqu’un. Quelque chose qui se passe dans l’intériorité, le silence, et qui peut transparaître au moment d’un témoignage, en quelque sorte transfigurer… Témoigner d’une présence transfigurante… de ce moine de coeur…

Les textes de ce mois seront tous tirés du chapitre de L’homme à la recherche de son humanité intitulé « L’homme créateur ». La création dont parle Légaut peut, certes, être celle d’une oeuvre à réaliser, mais elle porte ici essentiellement sur l’homme lui-même et son accomplissement.

Voir l’expression « Activité créatrice » sur le site : Lexique des concepts légautiens.

Anne SEVAL