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RECONNAISSANCE

Pourquoi, pour qui écrivait-il ? Pour mieux penser. Notamment, mettre en question ce qui avait été vécu et pensé dans la longueur des temps et de « son temps », ce que lui-même en pensait. Dès lors, de questionnement en questionnement, que lui resterait-il ? « L’énergie même qui nous fait penser »1, suggérait-il finalement. Ce souffle qui  ne peut qu’effleurer l’essentiel, la foi vécue et réfléchie : foi nue – mais non vide. Etait-ce si simple  de faire l’approche du Mystère ?

        

Pour le dire,

s’en tenir au langage commun,

à des mots  ordinaires, bien précisés ;

prendre soin de structurer l’énoncé

presque mathématiquement.  

« Vigueur et rigueur », nécessaires selon lui, 

finesse et nuance,  simultanément, 

s’agissant de l’expérience de la vie spirituelle.

Pour ce faire,

au milieu du chemin de la vie, choisir le grand silence

et la vie simple du berger en montagne ;

la famille et la nature, maîtresses d’humanité ;

le travail des mains, labeur de tout le corps

et fécond pour l’esprit,  dans la patience.

Entrer en conversations vraies, mais rares.

Puis, le moment venu, se lever et partir

pour des itinérances

de rencontres,  écoute, témoignage.

Prendre conscience pour soi-même d’abord, de l’inachèvement de l’être, de potentialités connues et inconnues d’accomplissement spirituel. Orienter son existence - hors des conformismes, - de la servitude à la liberté d’être soi, mais en passion aussi du devenir de la communauté humaine, une et diverse. « Consistance et durée », disait-il. Et encore « ténacité et persévérance à travers les temps et les lieux ».

 

Ainsi, tout à la fin, sur le palimpseste des Evangiles, décrypter le sens de sa propre vie, ultime travail de la foi, écriture singulière inspirée de ce que vécut Jésus il y a vingt siècles, adressée à quiconque.

Pourquoi, pour qui écrivait-il ?  Pour être vraiment lu et enfin compris, de quelques-uns du moins. Pour que se lèvent des créateurs d’avenir, dans le dire et le faire, dans l’exister. Et lui, pionnier d’un avenir sans fin, appelé par mission personnelle, il se voyait « pasteur sans troupeau, mais que ses brebis éparses reconnaissent »2. Tel demeure Marcel Légaut, disciple de Jésus.

Thérèse De Scott

1 M. Légaut et Thérèse De Scott, Vie spirituelle et modernité, p. 247

2 Thérèse De Scott, M. Légaut, L’œuvre spirituelle, p. 91, nouvelle édition, Médiaspaul  2015.