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ACML, quel est ton cap ?

Cela fait deux ans que le Conseil d’Administration de l’Association reçoit pour un échange de deux heures une personnalité ayant connu Marcel Légaut. Nos deux invités nous ont tenu des propos somme toute assez convergents que j’ai compris comme suit : « en France, la chrétienté disparait progressivement.

Marcel Légaut est aujourd’hui inaudible des jeunes générations comme l’est pour la majorité un discours d’église, mais pas pour les mêmes motifs ». « Une des chances de notre époque est que nous sommes athées…*». Au moment crucial où l’ACML joue le coeur même de son existence du fait du vieillissement de ses membres, mon parti pris est de citer dans cet édito un extrait « choc » d’une interview de Marcel Légaut à St Etienne . Que son diagnostic qui étonne par son réalisme soit pour notre association porteur d’avenir et nous aide dans la recherche d’une orientation pour que nous prenions mieux en compte l’attente de nos contemporains. Sans cela, l’ACML ne pourra pas assurer durablement sa mission ne serait ce que pour « porter à connaissance » l’oeuvre spirituelle de Marcel Légaut si moderne.

Ajoutons à cela que notre cher Marcel Légaut ne nous facilite pas la tâche car en lui emboitant le pas, ce que nous voulons tous chacun à notre manière, il s’agit « d’être ce que l’on dit » et de respecter l’autre pour témoigner de ce qui nous anime sans chercher à enseigner et en aucun cas agir comme le ferait une institution qui utiliserait la Magnanerie comme une boite à sessions. L’écho en nous du souffle spirituel de Légaut serait-il devenu bien faible tant nous peinons à nous faire entendre si l’on en juge par le nombre de jeunes de moins de 40 ans qui ont rejoint nos rangs ? Voilà un état des lieux qui pourrait nous décourager par l’ampleur du défi qui nous écrase au moment où il s’agit pour nous de transmettre aujourd’hui et demain le « trésor spirituel » que nous avons reçu de Marcel Legaut ?

Alors, quel est ton cap, ACML ?

Comment pouvons-nous aider celles et ceux qui aujourd’hui ont besoin de se « construire du dedans » dans cette société dont les valeurs « autrefois imposées du dehors » sont devenues incertaines et non structurantes ? Marcel Légaut explique dans son interview ce qu’est « l’homme en chemin »: « Etre soimême fidèle à ce qu’on doit être… Et puis une communauté, c’est pas nécessaire mais ça peut aider… ». On est d’accord, Marcel Légaut est exigeant, mais cette exigence ne devient-elle pas légère lorsqu’elle est portée du dedans ? Sans se complaire dans l’action qui n’est pas la finalité :

  • ne pourrions-nous pas «faire davantage » communauté en créant par exemple d’avantage d’occasions d’échange entre les groupes et les animateurs des rencontres d’été ?
  • «Dieu est un point d’arrivée…. Le point de départ c’est l’homme à la recherche de son humanité». Puisque nous sommes tous en phase avec ce sens du mouvement intérieur mis en exergue par Marcel Légaut, ne pourrions-nous pas proposer aux jeunes générations des rencontres qui aborderaient des questions de l’existence puisées dans l’actualité avec l’éclairage de notre témoignage nourri par ce que nous avons reçu de Marcel Légaut ?
  • ne pourrions-nous pas préparer ensemble, dans le creuset communautaire, les thèmes de rencontre de l’été ?
  • ne pourrions-nous pas accompagner plus encore le « groupe des témoins », ressource dynamique et vivante pour que tout son potentiel puisse éclore et profiter à celles et ceux qui, en recherche de leur humanité, se réunissent, se rencontrent ou bien nous questionnent à Mirmande ou ailleurs ?

Ecouter ce que nous disent aujourd’hui les personnalités qui nous ont fait l’amitié de venir vers nous avec bienveillance et compétence, est capital car ils nous disent la cruauté de la réalité : « on ne peut plus dire les choses de l’Essentiel comme avant ». Nous devons changer quelque chose dans nos façons de faire. Mais réconfortons nous, Marcel Légaut nous parle encore. Pour ma part, je pointe dans son oeuvre spirituelle les mots ou formules clés suivants : « Intériorité /communauté/ N’ayons pas peur et soyons fidèle… ».

Paul

* «…nous sommes athées mais nous croyons en l’homme et à une réalité spirituelle... L’existence se construisait du dehors et maintenant elle doit se construire du dedans…». Extrait trop bref d’une interview de Marcel Légaut lors de la fête du livre à St Etienne en 1988, après la sortie de « Un homme de foi et son Eglise ».