L'Eglise n'a jamais encore conçu sa mission à un tel degré d'élévation spirituelle. Pourtant, c'est pour elle une question de vie ou de mort ; si l'Église n'arrive pas à être fidèle à sa mission au niveau spirituel où Jésus concevait la sienne, elle est condamnée comme toutes les autres religions à disparaître devant les idéologies fondées plus ou moins sur la science, les utilisant pour gouverner le temps de leur éphémère prospérité.
L'Eglise, dans ma vie, a tenu un grand rôle, cependant, d'une façon générale, elle a manqué gravement à sa tâche qui est d'aider indirectement les chrétiens à être fidèles à leur moi profond ‑ ce sceau de Dieu en eux, la fine pointe où ils peuvent se joindre à Lui ‑ et ainsi de les appeler à devenir de Lui, du mouvement même où Lui se manifeste humainement en eux. L'Eglise s'est bornée à enseigner et à légiférer. Elle n'a pas su avoir foi en l'homme ni croire en sa grandeur potentielle. Ce qui l'aurait conduite à ouvrir ses membres sur la liberté spirituelle, à en prendre le risque que seule la foi autorise, et non la sagesse politique des hommes.