VIVRE POUR ETRE MALGRE LA CRUAUTE DU REEL,
Le 23 Octobre 2015, lors de la Journée aux Archives Nationales, j’ai connu un de ces moments rares où l’on a le sentiment d’être là où il faut être, de pétrir humblement une pâte fragile mais féconde pour l’avenir, d’éprouver la secrète connivence de « ces solitaires qui ne sont pas des isolés » .
Le 13 Novembre 2015, les meurtres de Paris semblent rendre dérisoires et inutiles tout ce qui relève de la « partie haute » des humains., sur « cet astre ourlé de sang et hurlant d’horreur (Travail de la Foi p. 42) » . Réel cruel à regarder en face, autant que possible où l’Ombre s’attaque à la Lumière…
Me revient en mémoire ce texte du chanteur belge Julos Beaucarne, écrit en Février 75, suite à l’assassinat de sa femme par un déséquilibré : « Ma Loulou est partie pour l’envers du décor…C’est la société qui est malade ; il nous faut la remettre d’aplomb et d’équerre par l’amour et l’amitié et la persuasion…Sans vous commander, je vous demande d’aimer plus que jamais ceux qui vous sont proches ; le monde est une triste boutique, les cœurs purs doivent se mettre ensemble pour l’embellir ; il faut reboiser l’âme humaine. …Je pense de toutes mes forces qu’il faut s’aimer à tort et à travers».
Que ces évènements tragiques ouvrent aussi notre attention sur les massacres au Mali, au Nigéria, à Beyrouth, en Syrie, en Irak, au Cameroun, qu’ils aiguisent notre lucidité sur la condition humaine et nous incitent à cultiver avec soin « ce qui en nous n’est pas que de nous », ce territoire singulier et fragile dont le monde a besoin pour s’accomplir .
« La haine de la haine est plus facile que l’amour, qui paraît à beaucoup une faiblesse et un leurre. » (Legaut dans L’homme à la recherche de son humanité p.247 ).
Francis