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Légaut à Gerbeau

LEGAUT bible

Chaque année, dans une maison isolée du Vercors, se déroule une semaine de rencontre sous le titre "Légaut à Gerbeau"...Gerbeau, qu'est-ce que c'est ?
Un lieu "GERBEAU", c'est le nom d'une ancienne ferme, isolée à 1300 mètres d'altitude, dans le parc régional du Vercors, près du col de Menée qui sépare les départements de la Drôme et de l'Isère. Refuge de maquisards, cette maison, partiellement détruite en 1944, abritait le berger pendant la période de transhumance (juin-octobre), quand elle a été achetée puis restaurée en 1969 et 1970 par une équipe de jeunes amis de Marcel Légaut, issus du groupe des Granges. Une histoire, étroitement liée à Marcel Légaut ...
1)   Des Granges à Mirmande. A la fin de la seconde guerre, et surtout à partir des années cinquante, des amis de Légaut, parmi lesquels une majorité d'enseignants, avaient l'habitude de se rassembler en familles, à la ferme des Granges, formant ainsi une sorte de communauté de vacances autour de Marcel Légaut.1 Le cadre, la qualité des échanges, l'apport stimulant de Légaut (ses causeries du dimanche et des jours de mauvais temps), les contributions personnelles de certains participants donnaient à ces séjours aux Granges une qualité, voire une ferveur exceptionnelles.Cependant, devant le nombre croissant des participants, la fatigue des plus âgés, et la gêne que ce rassemblement pouvait occasionner à la famille Légaut, il devint nécessaire de chercher un autre lieu de rencontres. Finalement on découvrit à Mirmande, dans la vallée du Rhône, une ancienne magnanerie, qui devint le siège social de l'Association Culturelle Marcel Légaut. En 1967, le groupe des amis de Marcel Légaut s'est donc installé à Mirmande. Ce fut, pour certains, une mutation à contrecoeur, mais ce départ fut adouci par la présence de Légaut lui-même, qui s'efforça de participer à la vie du groupe autant qu'il lui fut possible.
2)   Des Granges à Gerbeau Un problème restait posé par plusieurs jeunes participants, parmi ceux qui avaient l'habitude d'accompagner leurs parents aux Granges. Devenus adultes, ils hésitaient à descendre à Mirmande... Mais il y avait surtout quelques étudiants plus âgés, (parmi lesquels trois normaliens de l'ENS de Saint-Cloud), très attachés à la pensée de Marcel Légaut, et particulièrement stimulés par lui dans la recherche historique et exégétique sur Jésus de Nazareth ... J'étais de ceux-là ... Nous avons souhaité nous retrouver dans un lieu proche des Granges pour rester en contact avec Légaut. Ce dernier nous a encouragés, nous proposant de rester aux Granges en attendant de trouver ou de créer un autre lieu de rencontres.C'est en août 1969 que j'ai découvert Gerbeau. En novembre, nous avons fait l'acquisition de cette demi ruine, que nous avons restaurée en 1970.Ainsi est né à Gerbeau un centre de rencontres dont Marcel Légaut peut être considéré comme le véritable fondateur spirituel.1 Parmi les familles : Haumesser, Girard, Barbazanges, Epinat, Chouteau, Soulages, Briquet, Raynal, Rigolet Masson, ...2 Parmi les intervenants : Louis Doucy, le Père d'Ouince, Annie Jaubert, L'abbé Gaudefroy, Jacques Brothier, Jean Ehrhardt, Gérard Soulages, Georges Zadounaisky ...

3) Dissidence ou complémentarité ?

Mais que serions-nous capables de transmettre de notre expérience des Granges et de Marcel Légaut - dont le message va bien au-delà de l'homme lui-même ?... Qu'allions-nous faire de cette maison ?

En dépit des encouragements qu'il a prodigués à notre jeune groupe, Marcel Légaut était bien conscient des risques que nous aurions à affronter. Par ailleurs, il n'ignorait pas les reproches (d'ailleurs compréhensibles) de certains "anciens" qui regrettaient la séparation des jeunes, et parlaient de scission ou de dissidence ...

Pourtant, ce que nous souhaitions réaliser, c'était bien le contraire d'une rupture !...

Avec Légaut, nous parlions de la complémentarité à réaliser entre les deux maisons.

- A la Magnanerie : silence, méditation et ferveur ; qualité spirituelle et intellectuelle ....

- A Gerbeau, cadre certes favorable au recueillement, mais climat plus proche des vacances (avec enfants...). Marches en montagne, chants et musique ..., mais tonus intellectuel et spirituel moins assuré. Bref, d'abord une atmosphère de vacances ...

Quelques invités, comme Jean Jacob, Michel Benoît, Bernard Feillet ..., quelques amis de l'ACML sont venus à Gerbeau - parfois pour plusieurs jours, comme Francis Bonnefous, aujourd'hui président de l'ACML ... Mais pas d'échanges suivis dans les deux sens ...

Associer Gerbeau et la Magnanerie, c'était le rêve de Légaut et de quelques-uns parmi nous. Mais en un tel lieu, comment éviter que la détente des vacances ne l'emporte sur le sérieux de la recherche spirituelle qui avait caractérisé "l"esprit des Granges"?

Entre le souhaitable et le possible ... l'idéal et le réel ...

Depuis quarante-six ans, des séjours se succèdent à Gerbeau, dans un climat d'amitié et de détente, dosant harmonieusement des activités physiques, culturelles, spirituelles... Mais comment y assurer davantage et continûment le souvenir et la présence spirituelle de Marcel Légaut ?....

Modeste, mais réelle, une complémentarité entre Gerbeau et la Magnanerie reste possible aujourd'hui.. Ainsi, à plusieurs reprises, nous avons accueilli à Gerbeau des amis qui montaient de la Magnanerie. En juillet 2015, c'est tout un groupe qui est venu de Mirmande pour une journée d'échanges à Gerbeau. Et voilà qu'en juillet 2016, Dominique Lerch conduira de nouveau un groupe de la Magnanerie, pour partager les activités d'une journée entière à Gerbeau ...

Puisse le souvenir de Marcel Légaut rester vivant à Gerbeau pendant les décennies qui viennent, pour que cette maison continue de répondre aux voeux de ses bâtisseurs ...

Guy Lecomte