« Modernes » avez-vous dit
La « querelle des anciens et des modernes », a fait les beaux jours des classes de littérature. Qui ne s’est pas enflammé avec les contestataires des formes désuètes ? Mettre Boileau au pilori et s’emballer pour Marivaux puis bientôt Rimbaud, privilégier les parcours intrépides, prendre fait et cause pour les libertés en éveil, en réveil ?
Presque au même moment - le 17° siècle finissant - c’est déjà l’émergence des lectures critiques de la Bible. On ne dira jamais assez la jeune et juste posture de Richard Simon, ce prêtre, fils de la terre de Dieppe, aventurier comme un marin, devenu pour l’amour de l’hébreu et par la libre tradition de l’Oratoire, le fondateur de la lecture critique catholique de la Bible. Esprit simple et libre, sans détour, profondément croyant, dans le dialogue avec tous et l’intelligence des textes. Il est contemporain de Spinoza et de Descartes. Jusqu’à la tragique mise au pas finale imposée par Louis XIV et par Bossuet.
On comprend les méandres qui seront nécessaires deux siècles plus tard pour aborder à nouveau les questions muselées par divers arrangements politico-religieux, déjà. C’est là qu’il convient de se familiariser avec le « Modernisme ». Les productions ne manquent pas et Jacques Musset nous conduit à sa manière vers l’essentiel. Sommes-nous vraiment sortis du Modernisme ?
Cheminer avec Légaut, c‘est être introduit dans le monde complexe de la lecture moderne - et moderniste - des textes anciens. Le travail de la foi est l’écho du sérieux, voire de la douleur désespérante devant certaines évolutions du monde moderne. Il ne resterait qu’une foi nue en forme d’espérance.
Depuis trente ans, les religions semblent pourtant être revenues à la une, dans un langage aussi cacophonique que destructeur. On sait alors encore moins ce qu’il en est de l’espérance pour le monde, mais rien ne nous empêche l’écoute d’une modernité aux abois. A ce propos, Bernard Stiegler nous rend particulièrement attentif aux effets du numérique. Révolution à marche forcée. Mais il vient de paraître aussi une enquête documentée sur « les nouveaux aventuriers de la spiritualité ». Vaste chantier.
On comprend que les journées d’étude de Pâques prochain - avez-vous pensé à y participer ? - ouvrent le champ à la discussion sur la juste posture à garder, à trouver, à inventer. Les nécessaires critiques, l’attention aux changements sociétaux – la vague des nouvelles spiritualités y compris orientales mais aussi l’ouverture à la joie d’être quotidienne et l’attention renouvelée aux fragilités… la chance unique de chaque rencontre.
Rendez-vous donc à Mirmande pour la semaine d’après-Pâques 2017, du 18 avril au 21 avril. La Magnanerie retrouve la veine printanière du débat moderniste. Et s’adapte aux temps nouveaux.
Joseph Thomas