« L’Église ma mère et ma croix » (témoignage personnel)
Les lecteurs familiers de Marcel Légaut connaissent bien cette affirmation : « L’Église, ma mère et ma croix », mise en exergue dans son livre « Mutation de l’Église et conversion personnelle » :
cette phrase, je la prends à mon compte aujourd’hui.
« L’Église, ma mère » : Dès mon jeune âge (je suis né en 1943), j’ai baigné dans un climat religieux créé par ma mère (mon père anticlérical en rajoutait à sa façon!). Je suis né dans l’Église, elle m’a nourri, elle m’a formé, (et déformé) : 15 ans d’internat dans les séminaires diocésains et 6 ans de ministère … sur un nuage : l’impression d’exister. La rupture du célibat obligatoire m'a ouvert les yeux, a cassé cette illusion.
« L’Église, ma croix » : je tairai les années de souffrances, les doutes et les questions ! Mais je dirai que l’Église en me « réduisant à l’état laïc » m’a rendu un fier service (« On ne le sait qu’après qu’un moment inaugure » (Jean Sulivan)
Oui, l’Eglise m’a réduit : ce terme, je n’en ai d’abord vu que le négatif ; être réduit n’est pas confortable : perte d’identité, blessure, exclusion.
Mais le Souffle est resté et lentement la vie spirituelle a pris toute la place.
Il m'a fallu avec de nouveaux frères ouvrir des chemins improbables. Après plus de 40 ans de mon pèlerinage dans le désert embelli par la vie de famille (charnelle ou spirituelle), c’est le côté positif qui domine : l’Église m’a réduit, m’a ramené à mon juste « je-suis ». à ma vraie nature, à mon être essentiel.
Merci, l’Église, qui me permet de revenir à moi comme on revient à soi après un coma…
Yahwé dit à Abraham : « Va vers toi» (traduction Marie Balmary de Gen. 12/1) .
Je vais vers moi. Après le choc salutaire que j'ai subi, je me retrouve « au ras des pâquerettes » et j’aime les pâquerettes ! La mystique et le réel peuvent aller ensemble (lire « L’extase matérielle » de JMG Le Clézio).
La découverte de Marcel Légaut a mis les mots sur ma recherche avec ces 2 beaux titres : « L’homme à la recherche de son humanité » et « Devenir soi » ; c’est tout le sens de notre pèlerinage terrestre : aller vers soi-même, consentir à être qui on est, consentir à l’autre tel qu’il est, consentir au réel tel qu’il est et non à ce qu’on voudrait qu’il soit, et ainsi accéder à la Source (1).
J’aime les pâquerettes et dans le mot « pâquerettes », il y a Pâques et sa puissance de Vie. Tout est nécessaire.
« Merci, je n’ai que ce mot d’homme pour Te dire que je-suis » (prière J. Debruynne).
Bernard Lamy
(1) c’est le sens de mes 2 propositions « Halte spirituelle » en 2017 à la Magnanerie de Mirmande.