Hors-sol ?
Hors sol, notre vieux-monde quand ne comptent souvent que le profit, l’argent ou le pouvoir ;
mais heureuse époque dans laquelle des témoins nous remettent les pieds … sur terre, en nous disant l’importance du sol, du terreau : après un hiver de mort apparente, la nature va s’éveiller, en ce mois du printemps, et nous pourrons nous aussi nous éveiller et « faire notre part » comme le petit colibri de la légende. Pierre Rabhi regrette que l’être humain ait perdu sa dimension d’animalité, il est devenu hors-sol et oublie son lien essentiel avec Dame Nature.
Hors-sol certains hommes politiques qui, oubliant les plus fragiles, se servent au lieu de servir ;
mais heureuse époque où de nombreuses associations maintiennent et enrichissent le tissu humain.
Hors-sol, l’homme occidental qui est mutilé quand il ignore sa dimension d’intériorité ;
mais heureuse époque remplie de témoins de l’infini : Marcel Légaut, visionnaire, choisit d’être paysan après ses années d’enseignement : combien d’années de silence pour arriver à l’éveil et à l’écriture pendant lesquelles il a pris soin de sa famille, de ses voisins, de ses moutons ?… Enfouissement, silence, solitude, vie simple sur les montagnes du Haut-Diois au milieu de la nature « maîtresse d’humanité » (« Devenir soi » Cerf p.125)
Hors sol, l’Église quand elle s’égare dans l’idéologie, loin des réalités humaines ;
mais heureuse époque dans laquelle certains nous font redécouvrir l’Importance pour l’être humain d’être relié : à soi-même, à autrui, à la nature, (relié : une étymologie du mot religion) «Descendre dans la profondeur, entrer dans le silence, épouser sa solitude, la peupler de présences.[…] Première approche de Dieu que la foi seule permet, porche de son mystère que Dieu seul fait franchir » (id. p.7)
Hors sol, enfin, chacun d’entre nous ?
mais heureuse époque qui nous invite à redécouvrir la voie de l’intériorité et la place du corps pour un nécessaire équilibre de vie ! M. Légaut : « Tout ce qui émerge en lui (l’homme) de l’animalité par approfondissement humain appelle cette foi (en Dieu)» (« L’homme à la recherche de son humanité » éd. Aubier p.189). Nécessité de tout prendre : partir de soi-même, de son animalité, du corps qu’on est pour se réapproprier toute son humanité, en découvrir la profondeur et vivre (peut-être) la foi en Dieu ...
Vienne le printemps !
« Si le pommier ne fleurit pas en vous, il n’y a pas de printemps »( Jean Sulivan)
Bernard Lamy