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« La réinvention du nom de Dieu » 

 

Gérard Siegwalt, théologien protestant à Strasbourg livre, au bout de sa vie de chercheur, un essai sur le cri venant affecter toutes nos certitudes. Le réel rejoint l’homme en son arrogance de maîtrise du monde, par un sentiment croissant d’un univers échappant à la raison et faisant tomber les discours philosophiques sur l’être immuable autant que ceux du pouvoir (religieux) à conserver. Le réel s’impose comme un cri et le cri appelle la parole. Où donc Dieu s’en est-il allé ? Ou mieux, quel visage de Dieu doit disparaître ? Quel nouveau visage peut s’exprimer, se dire et illuminer l’avenir ?

Ses dernières pages sont éclairantes : « Qui est Dieu et où est-il ? Telle était la question de départ. Elle a mis en route vers l’affrontement du réel, vers l’écoute du cri suscité par ce réel, vers l’accouchement du sens immédiat de ce cri et l’approfondissement de ce sens par sa confrontation avec la mémoire du passé : cet approfondissement conduit au nom, aux noms, de Dieu. Une voix parle dans ce nom, ces noms, c’est la voix du Vivant, qui toujours épouse le réel vécu pour l’ouvrir à son renouvellement et le mettre sur le chemin de son accomplissement, lesquels ne sont donnés que dans et à travers le réel enduré, traversé. »

Les faits sont têtus et le cri affleure en l’actualité qui bouleverse les prévisions.

Désormais, « La vie funambule » est ce qui dit le mieux l’état de la planète et celle de nos convictions. Marion Muller-Collard la traduit en une nouvelle manière : « Dieu est peut-être, et être en Dieu c’est être peut-être » écrit-elle dans son petit livre et elle ajoute : « Si Dieu existe, il existe donc, il n’est pas juste être. Il est peut-être, il est « celui qui sera » qui est encore une traduction du tétragramme, et c’est à ce titre qu’il est « avec nous »… Soit Dieu existe et il devient, soit il ne devient pas et donc il n’existe pas. » Au final, elle cite les mots diamantaires de Claude Vigée : « Au cœur de notre vie si fragile, partout menacée par la destruction, il existe en nous, en amont de chaque dérive temporelle, un lieu lumineux de la toute-confiance… »

Gérard Siegwalt achève son livre par cet appel comme un programme : « La ré-invention du nom de Dieu » comme ce qui est en train de se passer, ébranlant de fait, de fond en comble, notre civilisation moderne de l’oubli de Dieu ?

« La tremblante espérance jaillissant avec puissance de la douloureuse fin d’un monde. » 

« La responsable vigilance requise dans l’accompagnement endurant de cette fin qui pourrait être un commencement, pour qu’elle devienne effectivement cela. »

« Le secret et vivant silence d’un retrait – le silence dans ce secret germinatif du retrait – avec la nomination pour soi, seul ou en communauté ou comme humanité, d’un nom, des noms, réinventés de Dieu avec leur nomination devant lui, dans la contemplation de lui ; non d’un retrait de démission, de démobilisation, mais de naissance de soi-même à ce commencement et de préparation aux pas à faire pour la nouvelle culture – l’édification du monde – à venir. »

« Le retrait – ce retrait-là – pour agir ; agir sur la base de ce retrait-là, dans l’inspiration, le courage, la force et la joie « sourcés » en lui. »

Autant de mots pour nous inviter à poursuivre ensemble la trace « écologique » ou « écosophique » écrit Jean Yves Leloup, celle de Marcel Légaut dans la nouvelle donne d’un monde en sursis. La semaine de Pâques en perspective… 

Joseph Thomas

RENCONTRES DE PÂQUES à Mirmande

du 2 au 5 avril 2024

inscriptions auprès de Françoise Servigne (cf. adresse à la fin du document)

possibilité de commander le dépliant complet des Rencontres 2024 à la même adresse.