• Enteteautrespages

Si les scandales actuels de l'Église ébranlent profondément l'Institution et les clercs, ils interrogent aussi, douloureusement, les fidèles. Il faut entendre le désarroi de ceux qui appuyaient leur foi sur l'Institution, qui aujourd'hui leur paraît disqualifiée pour accompagner leur chemin spirituel.

La question est moins d'ajouter au dénigrement de l'Église que d'interroger sur quel bagage solide, personnel, autonome peuvent compter ces chrétiens « orphelins », dispersés sans y avoir été préparés et sans s'y être eux-mêmes préparés. Sur quel « viatique » s'appuyer ?

La crise actuelle les conduira-t-elle à un désinvestissement, à une « sortie de la religion » comme si on avait fait le tour de Jésus, comme si on avait tout compris ? Comme si le cri de Pierre « À qui irions-nous, Seigneur, tu as les paroles de la vie éternelle ? », relevait du passé ?

Et dès lors, face à ce désarroi, est-ce que l'interrogation de Thérèse de Scott dans « Vie Spirituelle et Modernité », p.165, ne prendrait pas tout son sens : « ...Et je me dis que, en cette fin du 20ème siècle, il faudrait au croyant qui cherche le sens de sa vie, un genre nouveau d'exercices spirituels, basés sur une anthropologie tout autre que celle héritée du XVIème siècle… »?

Et M.Légaut ne donnerait-il une première amorce lorsqu'il écrit : « Ce que Jésus a vécu ne peut pas disparaître, et très probablement, malgré vingt siècles de christianisme, nous ne l'avons pas encore compris ».

Et finalement, si par cette crise, les « orphelins », déplaçant leur centre de gravité, apprenaient d'où ils viennent, quel fleuve les a nourris et les porte, se découvrant « nécessaires » et ainsi plus « fils » qu'ils ne croyaient... alors qu'ils voulaient quitter le navire ?

Francis Bonnefous