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Il est allé loin dans les profondeurs de la cruauté humaine. Il en a ramené des images insoutenables, pour témoigner devant le monde entier. Il a côtoyé les damnés de la terre, celles et ceux qui, abandonnés dans une forêt hostile, n’avaient plus qu’à y mourir, oubliés.

Et il a pleuré. Il a désespéré des êtres humains1. Il ne pouvait plus continuer à vivre.

Sebastiâo Salgado2 s’est arrêté. Il ne voulait plus faire son métier de photographe3.

Jusqu’au jour où Lélia, son épouse, lui a proposé de reboiser la forêt primaire dans le domaine hérité de son père, dans la province de Minas Gerais, au Brésil. Il n’y avait plus une herbe, plus une source, plus d’animaux sauvages... le surpâturage avait tout asséché.

Et la vie est revenue dans le cœur de Salgado, comme dans la nouvelle forêt tropicale, comme les sources, la flore, la faune sauvage.

Et Salgado est reparti à l’aventure avec son appareil photo, célébrer le vivant, témoigner de la beauté des sites encore préservés de notre planète. Cela a donné « Genesis », puis « Amazônia ».

C’est en 2015, à la Magnanerie de Mirmande, lors des Rencontres de Pâques, que le film :

« Le Sel de la Terre 4» a été projeté.

L’exemple de Salgado résonne au plus haut point aujourd’hui. Face à un réel inexorable, insoutenable, désespérant, face à la violence grandissante, aux extrémismes exacerbés, face à la perte d’humanité... Que faire ? sinon se retrousser les manches : être convaincu d’être le « sel de la terre », ou bien « le levain dans la pâte », ou encore « la lumière du monde ». Semer, planter pour les générations à venir. Participer à l’acte créateur originel.

« Je vous laisse ma paix, je vous donne ma paix ».

« Allez enseigner toutes les nations ».

Voici donc le cadeau et la mission reçus il y a plus de deux mille ans : bâtir une cité de paix, transmettre cette bonne nouvelle aux générations montantes, restaurer les relations entre les humains, cultiver la non-violence.

« Il faut reboiser l’âme humaine », a écrit Julos Beaucarne5.

À l’instar du couple Salgado, faire ainsi renaître la vie sur la terre, et la paix pour les hommes qui veulent le bien : « bonae voluntatis ».

La Magnanerie résonne encore de toute cette expérience de paix, de fraternité, d’étude, de silence, et de partage, vécue pendant les Rencontres de l’été dernier, et pendant toutes celles des années passées depuis 1967. Chacun en est reparti avec plus d’espérance, plus de conviction et d’engagement à venir, plus de force, plus d’amour. Chacun avec sa mission. Et l’ACML avec la sienne...

Rendez-vous là-bas, dans ce havre de paix, pour les Rencontres de Pâques et celles de l’été 2024.

Odile Branciard

AGENDA 2024

Le calendrier des Rencontres 2024 est en cours d’élaboration.

Les premières dates fixées sont celles de l’Assemblée Générale Ordinaire de l’ACML, et celles des Rencontres de Pâques.

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE

samedi 6 avril 2024, de 8h à 16h.

Plus longue qu’à l’habitude

1Très éprouvé par la violence des relations interhumaines et celle entre les hommes et l’environnement dont il est témoin en Éthiopie, au Sahel, au Rwanda mais aussi en ex-Yougoslavie, aux portes de l’Europe, Sebastiâo ne croit plus en l’Humanité.

2Né en février 1944 à Aimorés (Minas Gerais) dans une ferme située au milieu de la forêt tropicale, Sebastião Salgado grandit en pleine nature, dans la forêt, parmi les animaux… et 7 sœurs.

31986-1992 : La Main de l’Homme / 1994-1999 : Exodes / 2004-2012 : Genesis / 2021 : Amazônia.

42014 un film réalisé par Wim Wenders et Juliano Ribeiro Salgado (fils aîné du couple).

5« Lettre ouverte de Julos Beaucarne ou Amis bien aimés ». Nuit du 2 au 3 février 1975, quelques heures après l’assassinat de « Loulou », son épouse de 33 ans.