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DEVENIR DISCIPLE DE JÉSUS (1)

Ce soir, ce que je voudrais vous dire ne sera pas commode, parce que ça ne supporte pas le style ordinaire d’une conférence. C’est plutôt du genre méditation. On ne médite pas n’importe quand, on ne médite pas à volonté. Alors, j’espère que vous m’aiderez, par votre propre présence, à ce que je sois suffisamment présent à moi-même, pour que je ne
vous dise pas des choses trop creuses, mais des choses réelles.

Le titre de cette méditation est : « Devenir disciple de Jésus aujourd’hui ». Pour moi, même si ce n’est pas dans le titre mais dans mon idée, c’est être disciple comme ont été pour l’essentiel, il y a vingt siècles, pendant quelques mois, les quelques juifs qui ont rencontré Jésus, l’ont suivi et ont cru en lui. Actualiser, réaliser ce qui s’est passé il y a vingt siècles, c’est, me semble-t-il, une condition indispensable maintenant pour être chrétien, non seulement croyant de pratique, mais encore suffisamment chrétien pour aider l’Église à
surmonter la crise qu’elle connaît actuellement, et lui permettre de remplir sa mission. Voilà le centre de la méditation que je vais faire avec vous ce soir. Mais avant, je voudrais vous faire une petite introduction pour que l’esprit dans lequel je vous parlerai soit aussi celui dans lequel vous m’aiderez.

Je suis chrétien, catholique de chrétienté, catholique d’origine. Je suis né avec le siècle en France. Au début de ce siècle, nous étions encore en chrétienté. J’ai été formé au catéchisme comme tous les enfants de l’époque, mais je n’ai pas été porté du tout vers les études qui permettaient d’être un peu technicien des sciences qui tournent autour du
christianisme. Je ne suis pas du tout théologien, je ne suis pas du tout philosophe, je n’ai rien fait en psychologie… je n’ai même pas le moindre diplôme de catéchète. La seule chose que je revendique pour moi – et c’est la seule raison pour laquelle je suis avec vous ce soir – c’est que j’ai été chrétien toute ma vie et pas seulement pratiquant.

Par la grâce d’une rencontre que j’ai faite vers 20 ans avec un prêtre qui m’a ouvert sur la vie spirituelle, les quesons religieuses m’ont toujours profondément passionné. Quand, pendant 50 ans à peu près d’une vie consciente, on s’est toujours profondément intéressé aux questions religieuses, même si l’on n’a pas de culture universitaire [dans ce domaine], il y a une certaine culture qui progressivement se développe, qui reste et qui fait que, sans aucune autorité, on peut parler tout de même avec un certain intérêt.

Je ne suis pas venu vous enseigner. Si je fais partie de l’Église enseignante, c’est tout au bas de l’échelle. Pratiquement, je n’ai aucune technique. Aussi, je vais vous dire comment j’essaie moi-même de devenir disciple. Les réflexions que je vais vous faire, ont été depuis très longtemps les miennes. Mais incontestablement, la crise que nous rencontrons
actuellement, que probablement aucun n’avait pensé devoir être aussi profonde et aussi rapide, cette crise évidemment a provoqué en moi beaucoup de réflexions, de méditation, d’inquiétude, d’espérance. C’est dans ce climat que je voudrais développer ma réflexion avec vous ce soir. (à suivre).

Marcel LÉGAUT, Bruxelles 1976
Marcel Légaut Arcles et conférences
Cahier 8 Tome II p 274 (Ed. X. Huot)