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« I have a dream » : le rêve de Martin-Luther King, c’était “qu’un jour, sur les collines rouges de Géorgie, les fils des esclaves et les fils des esclavagistes pourront s’asseoir ensemble à la table de la fraternité.” Marcel Légaut a eu aussi un rêve : que se créent, à l’intérieur de nos Eglises et hors d’elles, des petites communautés fraternelles d’hommes et de femmes passionnés par l’aventure spirituelle et désireux de se soutenir mutuellement dans l’approfondissement de leur foi. Persuadés que, à l’instar des premiers chrétiens, c’est ensemble qu’ils doivent devenir disciples de Jésus.

Le rêve de Marcel Légaut, c’est que ces communautés de foi essaiment un peu partout et forment « le tissu de l’Eglise de demain » (Passion de l’Eglise, p. 46). Grâce à ces cellules de chrétiens, et grâce à leur témoignage, l’Eglise, tout en demeurant l’Institution qu’elle ne peut pas ne pas être, sera de plus en plus Communion, creuset de relations spirituelles fécondes.

Les « communautés de foi » qu’appelle Légaut de ses voeux sont, en effet, des communautés de chrétiens plus ou moins dispersés ou isolés, mais qui ont résolu de nouer entre eux des liens forts et stables. Dans ce but, ils se réunissent de façon suffisamment fréquente, en s’efforçant de « se rencontrer en esprit et en vérité », au nom de Jésus.

Cette vision que propose Marcel Légaut est incontestablement de nature à revitaliser nos propres rencontres dans le cadre des Groupes Légaut. Elle représente une exigence qui nous incite à aller au-delà des réunions « sympathiques », mais un peu routinières et parfois sans grande ambition spirituelle.

Nous avons aussi à être attentifs à ce qui, sans se réclamer expressément de Légaut, participe peut-être de son esprit. Un exemple : la constitution de communautés locales dans le diocèse de Poitiers, sous l’impulsion de Mgr Albert Rouet. Il s’agit d’équipes d’animation de base réparties dans tout le diocèse (300 équipes de 5 personnes étaient installées début 2009), en dehors du quadrillage paroissial et reliées à un prêtre qui se met à leur service mais qui n’est plus celui autour duquel tout tourne (voir www.diocesepoitiers. fr pour plus de détails). On imagine aisément que de telles équipes puissent être ou devenir d’authentiques communautés de foi, telles que les rêvait Marcel Légaut.

Au cours des semaines d’Avril, divers textes seront proposés sur ce thème des « communautés de foi ». Le premier texte, extrait de Intelligence du passé et de l’avenir du Christianisme, suggère que cet avenir réside précisément dans « la naissance continuelle, dans le peuple des croyants de petits groupes de disciples ». Le second texte relie ces petits groupes aux communautés chrétiennes des premiers siècles. Il en éclaire aussi la caractéristique singulière, qui est de « s’enraciner dans la profondeur humaine de chacun ». Loin d’uniformiser, comme peuvent le faire bien des collectivités, la communauté de foi, nous dit le troisième texte, « s’efforce de cultiver en ses membres leur originalité propre ». Le quatrième texte, enfin, évoque le nouvel élan, le nouveau souffle, que pourrait donner à une paroisse un réseau de communautés de foi.

Jean-B. Mer