Introduction à l’intelligence de la « Petite vie de Marcel Légaut » de Thérèse De Scott
Marcel Légaut invitait chacun à relire sa propre existence pour percevoir, à travers les méandres de sa vie, ses étapes contrastées, ses apparentes incohérences, son unité foncière, son sens profond, sa singularité à nulle autre pareille. Légaut s’est livré à cet « exercice » et, dans de multiples passages de ses livres, il nous fait « l’aveu » de ce qui l’a animé au plus intime dans son long itinéraire d’homme et de chrétien.
La « Petite vie de Marcel Légaut », qui vient de paraître aux éditions Desclée de Brouwer, écrite par Thérèse De Scott est comme un écho puissant du témoignage même de Marcel Légaut. Et quel écho ! A l’origine de son compagnonnage intense avec celui qu’elle appelle « le berger de l’intériorité », une question, qui la tiendra par la suite constamment en haleine : « D’où vient une telle vie ? Comment ont émergé ces manières de dire si pénétrantes, insolites même ? ». Durant quinze ans d’entretiens personnels avec Légaut, d’étude assidue de ses livres, d’écriture sur lui et avec lui, elle s’est mise attentivement à l’écoute de l’homme à la recherche de son humanité, indissociable du chrétien s’efforçant de comprendre le passé du christianisme pour travailler d’une manière féconde à son avenir.
C’est de cette aventure continue qui a duré presque un siècle (1900-1990) dont elle rend compte dans sa « Petite Vie ». Sa connaissance très fine de l’homme et de l’oeuvre, son écriture concise mais ouvrant de larges horizons sur la démarche spirituelle de Légaut, ces rares qualités font de son bref ouvrage de 126 pages une introduction remarquable à Marcel Légaut pour ceux qui le découvrent mais aussi un rappel vivifiant pour ceux qui le connaissent et le fréquentent déjà.
Pas une somme certes mais un lumineux survol qui permet de parcourir l’ensemble de ce que fut l’existence et la pensée de Légaut. Tout est dit avec une économie de mots. L’auteur maîtrise parfaitement son sujet. Elle le traite avec la distance nécessaire du témoin jointe à l’indéniable ferveur du disciple. Bref, en lisant la « Petite vie », on aura goût à se laisser éveiller ou réveiller par le grand devancier dont la vie et l’oeuvre ont été entièrement animés – y compris au moment des heures noires, des doutes et des crises - par la passion de l’authenticité, de la cohérence entre le vivre et le dire, de l’intégrité intellectuelle, du mystère de l’homme, de Jésus et de Dieu. Et puis, on se posera ou se reposera sûrement la question fondamentale : Et moi, là où je suis, en vivant de l’esprit qui a animé Légaut, quelle part, nécessaire bien qu’infime, je prends effectivement, sans me payer de mots, à la montée spirituelle de l’humanité et à la renaissance d’un christianisme évangélique ?
J’imagine Légaut ayant lu la « Petite vie », dire à son auditoire, l’oeil pétillant de complicité malicieuse, le bras tendu et la main frétillante comme à son habitude quand il allait tenir un propos important : « Eh bien, je crois que l’auteur m’a tout à fait compris. Pour ceux qui me trouvent un peu difficile, vous avez là une excellente carte pour randonner dans mon oeuvre ». La préface de Bernard Feillet introduit magnifiquement le livre de son amie Thérèse.
On ne peut résumer la « Petite Vie ». Au sortir de sa lecture émerveillée, je ne puis que suggérer à quiconque de se plonger dans ce bain rafraîchissant pour le coeur, l’esprit et l’âme.
Le livre est disponible par le biais de l'association pour 13 euros port compris.