Participer pour la première fois à une session à Mirmande constitue-t-il un événement ?
Autant l'avouer tout de suite, le titre de ce billet est plus un clin d'oeil aux familiers des écrits de Marcel Légaut, qu'une question en attente d'un développement.
Participer pour la première fois à une session à Mirmande, c'est découvrir une maison, une vraie maison de famille, où il fait bon vivre, circuler, partager, manger, échanger. Ma gratitude va aux personnes qui, au fil des ans, prennent soin de ce lieu.
C'est découvrir un espace où la parole peut circuler, sans censure, en liberté, au gré de ce que chacun veut dire de lui-même, chemin faisant. Merci à chacun des participants de cette session.
Que dire du “fond”, de ce qui a coloré ces temps d'échange entre nous ? Qu' en reste-t-il quelques semaines après ?
J'ai conscience que nous n'avons fait qu'effleurer quelques fragments des écrits et la pensée de Marcel Légaut. Je perçois d'ailleurs toute la difficulté de faire sienne cette pensée, qui ne fait pas système mais qui, comme toute pensée, est destinée “à faire penser, ce qui signifie déplacer nos idées, faire mouvoir leur articulation” (Maxime Rovere). Cela suppose une familiarité qui s'acquiert à force d'une lecture patiente et nécessite donc beaucoup de temps.
Comme l'on aimerait aussi trouver dans ces écrits un éclairage sur notre réalité contemporaine dont la complexité est propre à susciter le vertige. Et pourquoi cet éclairage ne rejoindrait-il pas chacune de nos existences singulières…
Aussi cette session a-t-elle été traversée pour moi par quelque chose d'une tension, d'un inconfort. A la fois, son thème était susceptible de me renvoyer à mon expérience personnelle : “Tisser sa vie à partir du reel”, bien-sûr ! Et ma vie, la vie, ne vaut que par cet ancrage-là. Dans le même temps, je ne pouvais m' appuyer sur une réelle connaissance des écrits de Marcel Legaut.
Avec le recul, il me semble que Marcel Légaut, tant au niveau de son parcours personnel que de ses écrits, doit être reçu comme une figure d'homme, de spirituel et de chrétien. Le colloque qui s’est tenu en 2000 s’est situé dans le fil de cette approche, tout comme les ouvrages publiés à propos de sa vie et de son oeuvre, entre 1988 et 2000. Ces contributions peuvent constituer de vrais et bons guides de lecture, de possibles supports pour le partage de groupe ou l’animation de sessions, en vis-à-vis des textes eux-mêmes.
Voilà qu’en termes techniques, ces dernières lignes pourraient s’apparenter à des “préconisations” de la part d’une néophyte, d’une personne “ayant participé pour la première fois à une session”… J’aimerais plutôt que ce qui précède soit accueilli comme une invitation à continuer non seulement de transmettre ce qui a été reçu de Marcel Légaut, mais avant tout de continuer d’en vivre de façon toujours renouvelée.
Sr Sylvie NADAUD, franciscaine