• Enteteautrespages

Notre désir pour l’Église : Marcel Légaut s’exprime

         L’équipe Recherches de la Mission de France organise le 15 avril 1989 un colloque chez les Sœurs auxiliatrices à Paris. Un dossier est constitué à partir de dix-neuf textes sur le thème « Quel est, au fond, notre désir pour l’Église ? » Au verso de la feuille d’ annonce, de sa petite écriture largement raturée, Légaut donne ses réflexions, le document se trouvait dans sa chambre aux Granges de Lesches :

 Il s’agit dans ce propos de l’Église empirique – institution et communion – telle qu’elle existe concrètement aujourd’hui et non de la société – communion de spirituels de tous les temps dont la foi, explicitement ou non dans son expression, consciemment ou non dans son vécu, est en relation au plus intime, avec ce que Jésus a vécu il y a vingt siècles.

       Mon désir pour cette Église empirique :

  • qu’elle mette en lumière historiquement et non pas seulement de façon doctrinale sa liaison avec Jésus de Nazareth afin de relativiser sa réalité de société faite d’hommes et de ne pas se couvrir des autres sociétés pour se mettre à part, de la transcendance qu’elle reconnaît à celui qui en fut plus à l’origine que le fondateur direct.
  • qu’elle donne à ses structures la malléabilité nécessaire pour qu’elle puisse adapter les formes diverses et multiples d’enseignement et de gouvernement de sa mission aux besoins et aux possibilités humaines variables avec les temps et les lieux.

En particulier dans la situation de diaspora qui sera inéluctablement la sienne dans les temps proches en occident avant d’être générale à long terme.

  • qu’en elle, la communauté ecclésiale prime sur la communauté hiérarchique car le « sacerdotalisme » sous toutes ses formes même les plus élevées, encore généralement nécessaire, en fait dans les conditions actuelles et bien que déjà insuffisant tant la société évolue, sera de moins en moins adapté aux capacités spirituelles des hommes suffisamment intériorisés et devenus de la sorte capables d’atteindre à leur véritable personnalité.
  • qu’elle vise à l’universalité conçue à la dimension extrême, qui peut être entrevue maintenant de la diversité des hommes à travers l’histoire de l’humanité, ce qui oblige à ne pas se fonder seulement sur une doctrine, même la plus parfaite, toujours très marquée par les temps de sa formation et de ses développements.
  • en particulier qu’elle s’efforce de ne s’attacher qu’aux comportements rituels et moraux qui peuvent être tenus dans l’authenticité quels que soient l’univers mental et les conditions de vie afin de ne pas s’enfermer dans un [intérim] sectaire.
  • qu’elle s’efforce de ne pas verser dans le propagandisme sous toutes ses formes individuelles et collectives que permettent les techniques modernes de la communication.