Mgr Henri Roger Marie Beaussart (1879-1952) et ses « paroisses » :
de Saint-Jacques-du-Haut-Pas à la réhabilitation du Maréchal Pétain
en passant par le père Portal, Marcel Légaut, l’archevêché de Paris ou Mgr Roncalli.
Parmi les conférenciers que le père Portal suscitait pour les catholiques de l’Ecole Normale Supérieure après la première guerre mondiale, le curé de Saint-Jacques-du-Haut-Pas de 1925 à 1928, Mgr Henri Roger Marie Beaussart(1). Celui-ci, né en 1879 à Epinal d’un père journaliste, passé par le séminaire Saint Sulpice, enseignant de philosophie au « collège » Stanislas (où il a… De Gaulle comme élève), puis directeur de cette institution, vicaire général et archidiacre de Saint Denis, attaché aux vocations sacerdotales, devient évêque auxiliaire de l’archevêché de Paris (puis archevêque auxiliaire). Il est estimé par le cardinal Verdier : vaste culture, parole élégante et élevée, travail méthodique, opiniâtre, presque inlassable, un dévouement qui fait de lui pour tous les membres du clergé un véritable père, et surtout une vie spirituelle lumineuse et intense. Un témoin, le chanoine Guédon, atteste qu’il ne l’a jamais vu lire un journal, que sa bibliothèque est bien fournie en œuvres profondes (Hallo, Bloy, Bourget, Barrès), bien dotée des Pères de l’Eglise et des théologiens. Il a rejeté Loisy, les philosophes de l’immanence, il appartient à la famille des grands mystiques (Suso, Jean de la Croix, Thérèse d’Avila). Son parcours et les « paroisses » fréquentées ou dirigées de 1925 à 1952 en font une figure certes discrète de l’épiscopat français. Discrètement, il se retrouve derrière bien des dossiers, l’enseignement catholique, l’appui à Vichy et sa démission contrainte de l’épiscopat, son appui résolu à l’intransigeance catholique et son cheminement, un temps, avec Marcel Légaut.
Grâce aux Carnets du Cardinal Baudrillart, on peut suivre la carrière de Mgr Beaussart : en 1925, au moment où il est nommé à Saint-Jacques-du-Haut-Pas, il avait été intéressé par la création d’une paroisse française à Varsovie ; en 1933, il est présent lors du pèlerinage de l’enseignement catholique à Rome ; en 1933, lors d’une réunion du conseil de surveillance à l’archevêché de Paris, « il fait un rapport sur la revue Esprit qui exerce son action dans les milieux catholiques : les passages qu’il lit sont monstrueux ; jamais ni les modernistes, ni l’Action Française n’en diront autant, et il conclut qu’il ne convient pas de condamner et le cardinal est d’accord (t. VI, p. 613). Il n’empêche, lorsque Mgr Beaussart est nommé évêque auxiliaire de Paris, « ce choix s’imposait ». Mgr Baudrillart a la dent dure vis-à-vis de Marcel Légaut lors du sacre en 1935 : « il fait très beau à tous points de vue ; beaucoup d’évêques et une foule immense à Notre Dame. Deux toasts laïcs furent médiocres : ceux d’un ex-normalien du groupe qui se qualifie de tala (ce qui lui semble devoir intéresser le monde entier) et fut disciple de M. Portal, Marcel Légaut ». En 1937, il est nommé directeur de l’enseignement diocésain. « Mgr Beaussart fait à peu près tout, est surmené et accablé de mille broutilles… en outre éclate un conflit entre l’Action Catholique et l’administration de l’enseignement diocésain ». Mgr Beaussart serait-il le successeur de Mgr Baudrillart à la tête de l’Institut Catholique ? C’est ce que sent Mgr Baudrillart et la question est évoquée devant Pie XII. C’est alors que Mgr Beaussart « se promène », dixit Mgr Baudrillart, en Roumanie, en Bulgarie, en Hongrie, en Espagne en octobre 1939 ; Mgr Beaussart qui craint tout ce qui tend à réveiller la lutte des classes lui confirme sa crainte du bolchevisme : il « est arrivé comme moi à la conviction que plusieurs ont voulu cette désastreuse évacuation (de Paris) pour préparer une armée révolutionnaire qui, après la guerre, sera mûre pour le bolchevisme que combat encore M. Daladier ». Et finalement, il voudrait, en 1940 « maintenant un évêché de province ; (…) je l’encourage à rester et à ne pas jeter le manche après la cognée… ». La même année, Mgr Beaussart est à la peine lors des funérailles du cardinal Verdier et prend ainsi position sur les miracles de la guerre :
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