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Pour une histoire religieuse concrète des XXe et XXIe siècles : les groupes Légaut et leurs membres

En 2010, l'ACML a publié, avec illustrations et annexes, cette biographie, disponible au prix  de 10 euros (plus frais d'expédition ). Le fichier déposé ici a été revu et complété pour l'édition par l'ACML.

L’abbé Gaudefroy (1878 – 1971), homme aux deux carrières et aux fidélités à longueur de vie (Légaut, Breuil, Teilhard)

Dominique Lerch
Février 2010

L’histoire religieuse du XXe siècle -de l’entre deux guerres notamment-est encore à écrire : le mouvement des idées se retrouve dans les grandes synthèses, mais à côté d’elles, le vécu des personnes se disant chrétiennes, catholiques, disciples de Jésus, reste à faire. Le groupe Légaut (1900 – 1990) permet la traversée du siècle. 

Il y a eu plusieurs « groupes Légaut », chronologie, cotisation et type de groupe éclairant ces différences. Pour faire simple, et en ne prenant que l’été, possibilité de rencontres pour des enseignants car bon nombre de membres du groupe l’était, Chadefaud-Scourdois avant 1940, Les Granges (Drôme) de 1945 à 1965, Mirmande avec Légaut de 1965 à 1990, sans Marcel Légaut depuis 1990. Dans ce premier groupe Légaut, à Chadefaud-Scourdois, l’abbé Gaudefroy a joué un rôle double : de l’aveu même de Marcel Légaut, c’est un aumônier très « libéral », qui laisse Légaut mener le groupe comme il l’entend. Et c’est aussi un animateur discret, celui de feuilles imprimées qui, sous le titre du Montcelet, rejoignent la diaspora du groupe Légaut.

Ainsi, aux côtés de Marcel Légaut, il y a eu, là aussi en reprenant une de ses expressions, « un pilier » du groupe qui, l’étayant sous une forme qui est à lui, aide Légaut à se rendre intelligent, par la présence et l’écoute, et qui rayonne : l’actuel « bulletin » du groupe Légaut (Quelques Nouvelles) et Le Montcelet ont joué le même rôle. Et à l’intérieur de ce groupe, des liens d’amitié à la dimension d’une vie avec, pour ne citer que deux, Lucien Matthieu ou Gérard Soulages.

L’abbé Gaudefroy est un scientifique. Et ses « traces livresques » sont peu nombreuses : à la Bibliothèque Nationale François Mitterrand son diplôme d’études supérieures, Figures d’efflorescences et de transformation obtenue par la déshydratation de quelques sulfates, une thèse de doctorat publiée en 1919, Etudes des figures de déshydratation à la surface des cristaux et un Lexique picard de Beaucamps-Le-Vieux et de sa région. Mais n’est-ce pas là le résultat d’un double mouvement, celui d’une époque où, publier, c’est avant tout publier des articles scientifiques dans des revues, et où, en tant que prêtre, il convient, dans le prolongement direct de la crise moderniste, de se défier de s’exposer trop à la lumière, de crainte de perdre son gagne-pain, de devoir se « reconvertir » et de vivre en paria. Il y a, dans une lettre de D. Parodi à Laberthonnière, en décembre 1931, une réflexion sur l’usage et la contrainte dans l’Eglise qui éclaire cette position : « Faire mourir quelqu’un d’isolement et de misère en le déclarant vitandus, n’est-ce pas pire que le faire mourir sur un bûcher ? »

C’est bien peu de chose au départ d’une recherche ! Comme si, de façon délibérée, il y avait eu un enfouissement.

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